Histoire du lycée

Les origines du lycée

Dès l’an 774, Charlemagne ramène de Rome des professeurs pour « divulguer l’enseignement ». Un concile célèbre, assemblé sur son ordre à Chalon sur Saône en 813 prescrit « l’établissement d’une école dans toutes les églises cathédrales » où seront enseignées la littérature et l’écriture sainte.

Peu à peu, sous l’égide des municipalités, on assiste à une laïcisation de l’enseignement, facilitée par l’invention de l’imprimerie et la vulgarisation des livres. L’idée de l’éducation pour tous suit doucement son chemin :

  • Enseignement primaire ouvert aux enfants des deux sexes, riches ou pauvres,
  • Enseignement secondaire dans les « grandes escholles » pour les jeunes gens. Les jeunes filles étant élevées dans des couvents ou à domicile sous la férule d’un précepteur.

Dès 1879, la municipalité de Chalon, en avance sur son temps, (les lois nouvelles sur l’éducation datent de 1880) a ouvert des cours publics et des cours mixtes pour adultes selon des conventions établies avec le « Ministère de l’Education Nationale Publique, des Beaux-Arts et des Cultes » et c’est dès 1879 que naît le projet d’une école secondaire de jeunes filles car seules quelques heures de cours leur étaient dispensées par les professeurs du collège de garçons de la ville. Cette école sera ouverte en 1882, 27 rue des Places (la ville alloue des locaux provisoires). L’engouement est tel que les locaux sont vite saturés : 104 élèves déjà dont 48 demi-pensionnaires, une directrice, neuf professeurs, deux surveillants.

En 1884, le Conseil Municipal demande à l’Etat la transformation de l’école secondaire en Collège de filles, accord signé par Jules Grévy le 26 décembre 1885, sous réserve que la ville construise des locaux définitifs dans un délai de 5 ans.

Les travaux d’aménagement et d’urbanisation du centre ville vont permettre de trouver l’emplacement définitif.

Monsieur LATOUR, architecte voyer, dressa en 1897 les plans du nouveau collège de filles, qui sera construit rue de la Banque et inauguré le 11 août 1902. C’est le collège de filles que beaucoup ont connu jusque dans les années 50.

Le collège, qui s’avère vite trop exigu, (106 élèves alors qu’on ne dispose que de 90 places) a bonne réputation : « il n’y a qu’à se louer de la bonne tenue, de l’ordre et de la propreté de l’établissement ».

Le traité constitutif est renouvelé année après année. Il inclut l’internat en 1906.

Pendant la guerre de 1914-1918, les locaux abriteront aussi l’hôpital militaire n° 2, puis la vie reprendra son cours sans changements importants.

En 1937, le Conseil Municipal obtient du Rectorat le transfert du Cours Complémentaire de filles de la rue Edgar Quinet au Collège et sa transformation en école Primaire Supérieure jumelée au collège et, pour répondre aux besoins du commerce et de l’industrie de la ville, l’ouverture d’une section d’Enseignement Technique Commercial. De nombreux travaux d’aménagement sont effectués : nouvelles salles de classe, études et gymnase.

Entre 1939 et 1945, peu de changements, sinon l’adjonction d’une section technique ménagère.

En 1945, la réforme de l’enseignement (Plan Langevin-Wallon) permettra l’ouverture d’une classe de 6ème nouvelle « de tronc commun » : le Conseil Municipal vote l’avance des crédits de fonctionnement pour l’achat d’un phonographe, de disques, d’un meuble-bibliothèque adapté à la taille des enfants destinés à l’enseignement des langues et de la musique.

En 1947, les parents d’élèves demandent la fusion des collèges de la ville ; cette fusion, première étape d’un futur Lycée mixte, est entérinée par le Rectorat de Lyon. La municipalité s’engage à remettre gratuitement à l’Etat les bâtiments de la rue de la Banque et de l’ancien pensionnat Jolyet (futur internat) : les travaux d’aménagement se succèdent mais les élèves sont de plus en plus nombreux. La construction d’un nouveau Lycée est nécessaire.

Le 9 mars 1953, le Conseil Municipal décide l’affectation de terrains appartenant à la ville, situées dans le quartier du Haut Saint-Cosme, connus sous le nom de « Villa Thalie » (quartier Bellevue), proches de la Ville et offrant un cadre agréable.

Le 30 juin 1953, Monsieur GROS présente le nouveau projet, soulignant les difficultés dues à la dispersion des élèves dans la Ville et montrant les avantages d’une implantation sur le Haut Saint-Cosme. Mais l’agrément de l’architecte est retardé.

Enfin, le 17 juin 1954, monsieur BOUILLIER, architecte municipal et monsieur LOPEZ, architecte en chef des Bâtiments de France sont agréés.

Monsieur LOPEZ dresse les plans du nouvel internat. Monsieur BOUILLIER et les services techniques de la ville de Chalon s’occupant des adjudications.

Détail intéressant et amusant, facétie de la Municipalité ? L’établissement s’ouvre sur la rue des Gaillardons, ainsi dénommée en souvenir d’une confrérie de joyeux lurons, paillards à souhait, ancêtres de nos goniôts et qui, s’étant plus que distingués par sa « truculence », s’est vu interdire toute manifestation au siècle des Lumières.

Pour ne pas être de reste, signalons aussi que parmi les œuvres d’art ornant les bâtiments, outre la magnifique fresque du « groupe de l’œuf » ornant le passage d’accès au réfectoire, l’on peut admirer dans le patio trois magnifiques coqs de bronze, œuvre de monsieur RIGOT.

Les nouveaux bâtiments sont inaugurés le 10 juin 1961 par monsieur le Recteur de l’Académie de Lyon.

La Saône et Loire va quitter l’Académie de Lyon pour regagner celle de Dijon par suite d’une redistribution de la carte scolaire. L’établissement est toujours morcelé : les pensionnaires et demi-pensionnaires soumis à de nombreux « voyages » entre les locaux d’enseignement, rue de la Banque, l’internat et la demi-pension.

En 1969, le lycée prend le nom de Pontus de Tyard, évêque de Chalon, écrivain, membre de la Pléiade. Les élèves sont de plus en plus nombreux et l’on a recours à l’implantation de bâtiments préfabriqués.

Une restructuration des bâtiments du lycée Bellevue est présentée en 1979 par monsieur CHALON, architecte municipal. Il s’agit d’une redistribution des locaux d’internat et de l’adjonction d’un bâtiment neuf le long de l’avenue des Charreaux pour la création d’un lycée de 800 places.

En 1980, le Recteur réorganise l’enseignement secondaire sur Chalon et son agglomération qui comprend la transformation du lycée de la Banque en C.E.S 600 et le transfert des classes de lycée (1000 élèves) à Bellevue.

Dans sa séance du 21 novembre 1980, le Conseil Municipal vote l’aménagement du bâtiment sur l’avenue des Charreaux. Il abrite des salles de cours banalisées, musique, dessin, le C.D.I, la salle des professeurs et des locaux d’intendance. Le second bâtiment est réaménagé en 3 dortoirs.

Le projet est arrêté et signé le 9 novembre 1981. Mais l’on pense déjà à la deuxième tranche de travaux : construction d’un bâtiment neuf le long de l’avenue des Charreaux en liaison avec les bâtiments existants. Le projet est adopté le 10 décembre 1981.

Le permis de construire est signé en juin 1982. Les travaux adjugés de suite et commencés dans la foulée. Le lycée accueille les élèves dès la rentrée 1983. La décoration du hall (peinture dédiée à l’intention de la photographie) est confiée à monsieur MOLINOT. Il ne manque plus que les locaux sportifs réalisés par monsieur BOUCHE, architecte, entre juin et décembre 1988.

Telle est esquissée, rapidement, l’histoire du lycée Pontus de Tyard, de 1880 à nos jours.